La disparition des abeilles pourrait changer la face du monde

Publié le par Roquettesyntaxe

"Si l’abeille venait à disparaître, l’homme n’aurait plus que quelques années à vivre"

Albert Einstein


Dans tous les pays qui sont en mesure d’étudier le phénomène, les colonies d’abeilles s’effondrent depuis plusieurs années. Mesurée précisément depuis fin 2006 mais signalée par les apiculteurs depuis le milieu des années 90, cette disparition a été baptisée «colony collapse disorder» ou CCD. Aux Etats-Unis, notamment, la Floride et le Texas auraient perdu 70% de ses abeilles, la Californie entre 30 et 60 %. Le syndrome toucherait 30 états américains mais sévit aussi l'Europe, notamment en l'Italie, en France ou en Allemagne.

L'enjeu est de taille, puisque l'inactivité des abeilles remet en cause le cycle biologique des récoltes, auquel participe la pollinisation. Ces butineuses assurent souvent de manière exclusive, la pollinisation de 80% des plantes les plus répandues dans le monde et 90 variétés de fruits et légumes dont les récoltes représentent une valeur de 15 milliards de dollars par an rien qu’aux Etats-Unis.

Les explications sont multiples et sans doute toutes juste dans une certaine mesure.

Disparition des espaces à butiner, plus de pollution et général et foisonnement des pesticides, insecticides et autres produits chimiques en « cides » qui sont répandus dans la nature sont les premiers facteurs de « terrain » visés. Le séquençage récent du génome des abeilles à permis de se rendre compte que l'abeille est un insecte fragile car il lui manque un certain nombre d'enzymes détoxifiantes présentes chez d'autres insectes tels que la mouche.

Quand la dissémination de quelques arpents d’une plante génétiquement modifiée aux gènes stériles fait un scandale national, on déverse tous les jours des centaines de milliers de litres de substances chimiques destinées à tuer tel ou tel élément vivant. Ces substances ne sont pas enfermées dans les gènes de la plante et ne disparaissent donc pas à sa mort mais subsistent pendant des milliers d’années. Elles l’imprègnent ainsi que tous les éléments environnants, elles ruissellent ensuite dans l’eau et suivent son circuit jusqu'à ce qu’elles se stockent quelque part dans la terre avant de repasser dans le cycle végétal.

A ce petit jeux d’accumulation de toxiques, les espèces butineuses sont les premières touchées et spécialement les espèces sociales comme les abeilles. Une pathologie qui apparaît sur un insecte solitaire à moins de chance de se propager que dans une ruche grouillante. Le gros souci, c’est que cette rupture d’équilibre va perturber une autre dynamique essentielle, celle de la reproduction de certaines plantes qui est essentiellement assurée par le transport de pollen effectué par les abeilles.

Sur ces aspects généraux, voici une metite interview remarquable de Simon Pierre Delorme, journaliste spécialiste des abeilles diffusé par Natura Vox:


Abeille
Uploaded by supervielle

Quelques pistes scientifiques pour expliquer plus précisément le CCD :

L’hypothèse des ondes de portables :

D'après des scientifiques britanniques, les ondes des téléphones portables perturbent les abeilles.

Les abeilles pollinisatrices perdent leur sens de l'orientation à cause des radiations éléctro-magnétiques émises par les téléphones portables et autres gadgets. C'est ce qu'affirment des chercheurs de la Landau University, au Royaume-Uni.  Selon les chercheurs, les ondes des téléphones portables créent des interférences avec le système d'orientation des abeilles qui partent polliniser les champs. Résultat : lorsque ces insectes tentent de retourner à la ruche, ils se révèlent incapables de retrouver leur chemin et meurent.

L’hypothèse des ondes de téléphones portables n’est pas la seule piste d’explication à cette atteinte sans précédent. Pour certains chercheurs, "cela peut suggérer la présence d'une substance chimique ou d'une toxine à l'intérieur de la ruche" qui pourraient provenir notamment des pesticides.

L'hypothèse virale :

Une étude génétique menée par l'équipe du professeur Diana Cox-Foster, du département d'entomologie de l'université de Pennsylvanie et publiée dans la revue Science du 6 septembre 2007 a séquencé des fragments de matériel génétique prélevés dans des colonies touchées par le CCD et dans les colonies saines. Une corrélation forte est apparue entre le CCD et la présence d'un virus, le Israeli Acute Paralysis Virus (IAPV). Ce dernier est détecté dans 83,3 % des échantillons affectés par le CCD, et dans seulement 4,8 % des colonies saines."Cela ne signifie pas qu'il est la cause des mortalités, mais qu'il constitue un marqueur du CCD", explique Diana Cox-Foster. Elle va maintenant tenter d'inoculer l'IAPV à des colonies saines, et de reproduire le CCD.

Pour Laurent Gauthier, du laboratoire de pathovigilance et de développement apicole de Supagro Montpellier, l'IAPV est désormais "un candidat parmi d'autres" pour expliquer les pertes d'abeilles. Mais "les virus peuvent aussi être une conséquence, plutôt qu'une cause", de l'affaiblissement des colonies, poursuit M. Gauthier. "La question est de savoir s'il existe des facteurs de déséquilibre, favorisant la prolifération de ces pathogènes", affirme-t-il.

L'écroulement des défenses immunitaires:

Selon des chercheurs de l'université de Columbia, de multiples micro-organismes tels que le parasite ‘Nosema ceranae"  seraient à l'origine de la contamination. Cette infection serait le signe d'un déficit important du système immunitaire. L'explication de cet effondrement du système immunitaire pourrait se trouver dans le recours systématique des apiculteurs américains aux antibiotiques comme la terramyciine pour lutter contre la loque américaine (maladie causée par un bacille qui infecte les larves).


Documents:

Dans certaines régions de Chine, les abeilles ont disparu depuis bien longtempsRoquettesyntaxe:

Voir aussi ce point sur la situation en France ou une fragile amélioration a été constaté depuis l’interdiction des pesticides Regent et Gaucho : http://www.agrisalon.com/06-actu/article-19864.php

Et pour ceux qui n’ont pas peur de bouffer des rapports scientifiques : http://www.afssa.fr/Documents/LABO-Ra-EnqueteAbeilles.pdf

Source : silicon.fr / enviro 2B / RFI / futura sciences / observabilis

Pour poursuivre: l'entrée en vigueur du programme européen REACH

Publié dans ECO CHAOS

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
<br /> <br /> Une nouvelle étude de l’université du Punjab en Inde a directement mis en cause l’utilisation des téléphones mobiles et la pollution électromagnétique qu’elle engendre. Dans une expérience, les<br /> scientifiques ont comparé deux ruches, dont l’une a été placé à proximité de deux téléphones mobiles, allumés à raison de 15 minutes deux fois par jour pendant trois mois. Après ces trois mois,<br /> les chercheurs ont constaté un déclin important dans la ruche équipée de mobiles, en termes de population et d’œufs pondus par la reine. Les abeilles ont également cessé de produire du miel et<br /> les ouvrières étaient moins nombreuses à revenir à la ruche après avoir collecté du pollen, réduisant ainsi le volume de nectar produit par la ruche.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
F
<br /> <br /> Merci de mentionner ce facteur qui n'apparaissais pas comme prouvé au moment ou cet article est paru.<br /> <br /> <br /> <br />
M
Comme si toutes les autres catastrophes en préparation ne suffisaient pas, cerise sur le gâteau, les abeilles, vitales à notre environnement, sont en train de disparaître...
Répondre
A
Une piste fort importante et négligée est l'alimentation des abeilles. Les nourrir de HFCS (high fructose corn syrup ou fructose de maïs concentré) n'est pas banal. Plus de 80% de la production mondiale de maïs est OGM. Le miel contient des minéraux, enzymes et vitamines dont les abeilles ont besoin. On leur retire leur miel et on le remplace par le HFCS ou autre sucre blanc raffiné qui peut également être OGM ou arrosé de pesticides. Tout personne qui se nourrirait exclusivement de HFCS ou sucre blanc pendant une saison serait assuré de tomber malade (virus, bactéries, fongus, parasites et problèmes métaboliques). Aussi, il y a la monoculture. Manger toujours la même chose pendant des semaines n'est pas très santé. Autre source importante de problèmes: les sources de financement des scientifiques. Essayez d'obtenir toute l'information quand elle risque de faire perdre des jobs.
Répondre
F
<br /> Merci pour ces pistes très intéressantes, notamment la première dont  je n'avais pas idée. Le coté anthropomorphisme de l'argument de la monoculture me semble en revanche  spécieux. Un<br /> animal peut de souvent doit manger toujours la même chose, j'homme est un des rares animaux à échapper à cette règle.  Qant à la recherche, elle n'aura un écho que si les gens s'y intéressent<br /> et font pression sur le pouvoirs publics pour qu'on sache ce qui se passe exactement avec les abailles et qu'on agisse. Alors chers lecteurs n'hésitez pas à vous rendre sur la liste Facebook de<br /> Annie Boudreault et à vous y inscrire (cf le lien qui figure dans son nom).<br /> <br /> <br />